Ils marchandent le droit des femmes

11/07/2018

Cécile JodogneAvec une loi qui pénalise lourdement les femmes et les médecins au prétexte de sortir l’IVG du code pénal, le gouvernement de Charles Michel se moque de nous! Je suis scandalisée: l’IVG ne doit tout simplement plus être considéré comme un délit.

Le recours à l’avortement est un droit des femmes. Il est temps en 2018 de réaffirmer par le biais de la loi qu’au contraire d’un délit, l’avortement est un droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur vie.

L’histoire nous aide à mieux comprendre le blocage du MR, de la NVA, du CD&V et de l’Open VLD, raliés par le cdH. En 1982 déjà, les députés conservateurs s’opposèrent à une proposition visant à suspendre les articles qui pénalisent l’interruption volontaire de grossesse. Le texte, pourtant soutenu par les tous députés FDF-RW, les députés PS-SP, les écologistes et certains élus PRL, fut rejeté de justesse, au grand malheur des défenseurs des droits des femmes. En 1990, les progressistes ont obtenu une dépénalisation partielle de l’IVG, une avancée certes historique à l’époque… mais bien insuffisante aujourd’hui.

Cette semaine, pour faire barrage à une proposition de loi visant à sortir l’IVG du code pénal, la majorité fédérale sous l’influence de la NVA et du CD&V réitère la même action de blocage qu’en 1982 avec une proposition de loi inique et infamante pour les femmes.

On peut voir dans l’attitude du MR une stratégie de protection de la majorité fédérale. J’y vois surtout le mépris d’une question centrale dans le combat des femmes. Iraient-ils jusqu’à jusqu’à surseoir au principe de liberté des parlementaires sur les questions éthiques lors du vote en séance plénière ?

Le texte législatif de la majorité pénalise l’IVG pour sortir l’IVG du code pénal ! On ne peut faire mieux en matière d’hypocrisie et de tromperie.

Maintenir les peines est sans importance nous disent-ils : on ne poursuit plus. Mais alors pourquoi une nouvelle loi qui pénalise les femmes et les médecins ? Une loi pour que les juges ne respectent pas la loi ?

Ne nous leurrons pas, cette réactualisation du volet pénal dans une loi spéciale n’est rien d’autre qu’une nouvelle atteinte des milieux conservateurs à la liberté et à la dignité des femmes.

Plus que jamais nous devons réaffirmer l’indispensable sortie de l’IVG du Code pénal et le vote d’une loi qui ne considère plus l’avortement comme un délit. La France a institué l’IVG comme un droit. Le Luxembourg l’a sorti du Code pénal. A quand le tour de la Belgique?

Cécile Jodogne