L'entrepreneuriat durable : compétitivité et motivation

Mercredi, 13 juin, 2018

Séminaire entrepreneuriat durable organisé à l'initiative de Cécile Jodogne chez hub.brussels« Concilier le développement de son entreprise avec celui de la société, c’est un levier de compétitivité, de motivation et un must pour les investissements.» Vanessa Biebel, Adviser FEB, souligne en ces termes l’influence grandissante du développement durable sur les dynamiques entrepreneuriales d’aujourd’hui.

L’entrepreneuriat durable à l'international était le thème de la session organisée à l’initiative de Cécile Jodogne ce lundi 11 juin chez hub.brussels dans le cadre de la semaine des attachés économiques et commerciaux (AEC).

Pour Melissa Sabatier, COO, de la société bruxelloise BlueSquare qui développe des solutions de data management dans le cadre de la conduite de projets en santé, l’exploitation des data ouvre partout dans le monde et notamment en Afrique Sub-Saharienne et en Asie où ils sont principalement présents, de nouvelles possibilités pour relier l’engagement des acteurs sur le terrain tels les ONG et les stratégies industrielles du secteur pharmaceutique. Partout où il y a une forte corrélation entre précarité et santé, on a besoin de mettre en relation données et production. La diminution du taux de maladies infantiles est un des objectifs auquel ces nouveaux services peuvent contribuer. « C’est cela qui nous mobilise » conclut-elle. Cet exemple montre combien la dimension entrepreneuriat durable est prégnante dès lors qu’il s’agit de processus de développement en lien avec les nouvelles technologies du numérique.

Intégrer le développement durable, c’est une question de moyens ?

Nous avons très vite compris dès les premières interventions que le développement durable à l'international n’était pas une affaire d’investissements spécifiques dédiés, sorte segment à part. Il s’agit plutôt d’une préoccupation constitutive et structurante, au cœur du management. Ce n’est donc pas que l’affaire des grandes entreprises. Intégrer les objectifs du développement durable à l'international est aussi une source d’opportunités pour de nouveaux marchés, avec de nouveaux produits ou services.

Pour Vanessa Biebel, avec 90 % de l’activité économique mondiale, les PME poussent le développement durable parce qu’elles l’intègrent véritablement dans leur process. Souvent les entreprises familiales sont par essence durables car elles ont un fort ancrage local : « elles sont plus intégrées à l’environnement dans lequel elles évoluent mais elles n’ont pas toujours la possibilité de le communiquer ».

Commerce extérieur et droits de l’homme

La secrétaire d’Etat Cécile Jodogne en collaboration avec son administration Bruxelles Invest & Export (hub.brussels) a décidé à plusieurs reprises de ne pas accompagner ou de reporter certaines missions économiques là où les dirigeants en place menaient une politique ostensiblement contraire aux droits humains. Une chose est de faire des choix politiques et c’est important, mais qu’en est-il pour des entreprises actives sur des marchés éloignés ? Comment peuvent-elles intégrer la dimension des droits humains ?

En général les grandes entreprises internationales mettent en place un système d’audit pour veiller à l’application de lignes de conduite comme « ce que je n’admets pas ici, je ne peux pas l’admettre ailleurs ». Faut-il pour autant parler de simple translation d'exigences ou normes auprès des partenaires ou sous-traitants à l’étranger ? De manière plus pragmatique, on pense d'abord aux « garanties à prendre à l’égard de la corruption » indique Melissa Sabatier. « L’attention accordée à la place des femmes lors des recrutements dans les pays où la précarité domine est un levier important » enchaîne Gaëlle Janssens, Members Relation Manager chez TheShift, réseau belge de développement durable. « Elles ont dans beaucoup de cultures une mission d’éducation et le premier salaire permet d’envoyer les enfants à l’école. »

Afficher le développement durable au tableau de bord de l’entreprise, est-ce possible partout ?

C’est en tout cas la question que soulève un participant en poste en Afrique du Nord qui avoue n’avoir pas d’exemples significatifs d’entreprises qui ont réussi avec un objectif développement affiché et assumé. « Parce qu’il faut bien considérer que nos entrepreneurs se trouvent sur certains marchés avec des concurrents de taille » évoque-t-il notamment.

« Mais quel gouvernement – même autoritaire – ne souhaiterait pas que sa population ait accès à de l’eau potable, ou qu’il y ait une gestion des déchets ? », répond Gaëlle Janssens. «Et puis, les gouvernements ont intérêt eux aussi à améliorer leur image », fait remarquer Melissa Sabatier. A l’heure des réseaux sociaux le nouveau paradigme, c’est qu’aujourd’hui tout le monde sait que tout le monde sait. Et cela c’est probablement l’une des raisons de l’absolue nécessité pour les entreprises d’intégrer les objectifs du développement durable dans leur stratégie à l'international. L’exigence est telle aujourd’hui que nous sommes très loin déjà des premières pratiques qui consistaient à faire du développement durable un simple outil de marketing.

« C’est pour cela que nous sommes opposés à l’explosion des labels » explique Vanessa Biebel. « Certaines enseignes de la distribution excluent toutes les marques non-durables », signale Gaëlle Janssens qui confirme une prise de conscience en bout de chaîne qui reflète probablement la volonté d’une part de plus en plus importante des consommateurs de privilégier le commerce équitable.

La pression vient des populations

Cécile Jodogne, prenant la parole en clôture des échanges, fait part de son constat lors de séminaires auxquels elle a pris part dans des pays où la préoccupation développement durable n’est pas, selon nos aprioris, une préoccupation première. Son constat est que la pression vient de plus en plus de la population. « La demande d’un meilleur environnement est une demande qui s’exprime spontanément. »

L'entrepreneuriat durable devient la clé de la compétitivité pour l’entreprise, partout dans le monde. C’est la demande de plus en plus de consommateurs qui s'intéressent aux conditions environementales, sociales et éthiques de la production des biens de consommation et de la mise en œuvre des services. Cela produit du sens et de la motivation pour les équipes. C’est une porte d’entrée pour de nouveaux marchés.

Agenda

Cécile Jodogne a rappelé qu'elle invitait les entrepreneurs belges exportateurs le 2 octobre prochain à un séminaire organisé avec BECI et hub.brussels : « Pour un entrepreneuriat durable à l’international ». C’est aussi le titre d’une brochure éditée à cette occasion et qui fait le point sur les raisons et les modalités d’engagement des hommes et des femmes d’affaire pour l’entrepreneuriat durable.

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Séminaire entrepreneuriat durable à l'international : de gauche à droite, Vanessa Biebel, Adviser FEB, Cécile Jodogne, secrétaire d'Etat Commerce extérieur, Melissa Sabatier, COO, de la société bruxelloise BlueSquare, Gaëlle Janssens, Members Relation Manager The Shift

Photo : de gauche à droite, Vanessa Biebel, Adviser FEB, Cécile Jodogne, secrétaire d'Etat Commerce extérieur, Gaëlle Janssens, Members Relation Manager The Shift et Melissa Sabatier, COO, de la société bruxelloise BlueSquare